Cours du soir

Alors qu'il passait la clé dans la serrure de son minuscule appartement, l'étrange voisine sortit de son antre. Ézéchiel croisa brièvement le regard un peu fou de la jeune femme alors qu'il entrait chez lui. Le momentum semblait avoir duré 3 millénaires, alors qu'il fuyait dans son refuge.
Les yeux verts de la voisine luirent un instant et elle semblait sur le point de dire quelque chose,...
Vite, vite, vite, plus vite, dans l'appart'!
Ézéchiel s'engouffra chez lui, referma rapidement la porte et poussa un soupir de soulagement.

«La catastrophe a été évité. Merci à tous les dieux de ce monde.»

L'étudiant déposa négligemment son sac près de l'entrée. Alors qu'il pénétrait dans le salon/salle à manger/cuisine, une chose brisa les barrières de son habitat naturel : Luke, son colocataire. Le jeune punk, mi-étudiant, mi-drogué, mi-travailleur à temps partiel dans un supermarché, le toisait de ses yeux vairons. Ézéchiel constata qu'il était encore en sous-vêtements malgré qu'il soit bientôt 15 heures. Luke ouvrit la bouche pour déverser une avalanche de slangs, qui en prime, contenant des vrais mots de la langue anglaise.

-Salut mec, dit le tatoué. J'vais tuer ton putain chat. Il arrête pas d'chialer.
-Tu dormais?
-Mouais.
-... À cette heure?
-Genre. Mais, j'me lève, là. J'me lève. Mais ton chat... ton putain chat, ferme lui la gueule. Sinon je te jure que je le lance dans la rivière Thames. Attaché après ta Xbox 360.

Ézéchiel réprima un petit soupir. Luke était la définition même du mot «exaspérant». Plutôt que de continuer cette conversation qui ébréchait son quotient intellectuel, le blond se dirigea vers la cuisine. Il y avait là une porte qui donnait sur l'extérieur, car on pouvait aussi entrer par l'arrière du bâtiment. Il y avait un mini-balcon, des escaliers en bois (qui oscillaient beaucoup trop au goût d'Ézéchiel) qui grimpaient au troisième étage et ceux qui descendaient jusqu'au sol. Dehors, il y avait une petite chatte trois couleurs, toute maigrichonne qui attendait son humain depuis plusieurs heures.

-Rouille, salut la poilue... Luke aurait pu te faire entrer à l'intérieur. Quel connard.
Il saisit la bête entre ses mains et retourna dans la cuisine. Après avoir déposé l'animal au sol et lui avoir administré son lot de croquettes, l'artiste s'écrasa dans son lit et fit quelque chose auquel il excellait : les jeux vidéos.

Un grand fracas lui annonçait que son coloc quittait pour la soirée. Ézéchiel savoura cet instant de solitude. Luke était bruyant, borné, pas excessivement intelligent et avait des habitudes de vie qui faisait grincer les dents.

«Tant qu'il paye sa part du loyer» songea le finlandais, en oblitérant un ennemi à coup de canon plasma.

Le temps s'écoulait et vers 19h00, Ézéchiel ferma la console. Rouille s'était roulé en boule sur son lit et dormait paisiblement. Après avoir caressé doucement ses oreilles poilues, Ézéchiel quitta l'appartement. Direction, les cours de soir. Ils étaient privés ; Ézéchiel avait choisi cette option plutôt que les cours publiques. Ceux privés offraient la chance de progresser selon le rythme. Malheureusement, le rythme d'Ézéchiel était lent.
Très lent.

«Je suis sûr que j'exaspère la prof.» songea le finlandais. «Je ne suis pas sûr qu'elle comprenne tout ce que je dis avec mon accent lorsque je parle en anglais...»

Vers 20h00 déjà, la vie nocturne commençait à sortir de son cercueil et se déversait dans les rues de Londres: un groupe de cyberpunk, déjà sur le speed, se dirigeait vers un McDonald's avant d'aller à une une rave. Quelques punks se tenaient dans une ruelle sombre, fumant non seulement du tabac, dévisageant les passants se demandant lesquels seraient les mieux à voler. Trois jeunes femmes, habillés de micro-jupes et portant de véritables plate-formes à aiguilles à leurs pieds, riaient à gorge déployée. Une auto de l'année passait à toute vitesse, fenêtres baissées, diffusant le nouveau hit dans le domaine de la musique pop.

Il entra dans la bâtisse, se dirigea vers la salle dans laquelle les cours étaient donnés et prit place à une table. La plupart des étudiants étaient déjà arrivés et il parlait entre eux à voix basse. Ézéchiel enviait leurs relations ; étant trop timide, il ne s'était pas fait beaucoup de nouveaux amis depuis qu'il était arrivé en Angleterre.
Il sortit son cahier de croquis, ses crayons et attendit. Il feuilleta pensivement son cahier, contemplant ses dessins. Ses dessins avaient des difficultés techniques oui, mais il manquait quelque chose d'essentiel.

«Une âme. Il leur manque une âme» songea l'artiste.»

La nuit est belle, la lune est pleine et pas de nuages pour la cacher.
La seule chose qui empêche Line d'admirer pleinement cette nuit parfaite sont les lumières artificielles qui remplissent les rues de Londres.

Ce n'est pas grave, les lampes ont étés inventées par les mortels pour se rassurer et éviter la noirceur... Et cette lumière artificielle est comme la lune et les étoiles, les seuls rayons qu'un vampire puissent supporter sans brûler.

Sa robe courte volant derrière elle à chacun de ses pas, Line se dirigeait vers le bâtiment qu'elle utilise pour donner ses cours du soir.
Elle aurais préféré faire ces cours chez elle, mais le reste de la famille ne pouvais pas tous supporter les vivants... Et la compagnie qui a loué ses services tenait à ce que les cours se fasse dans un bâtiment spécial.

Tant pis, du moment qu'elle gagnais de l'argent et faisait ce qu'elle aime, Line se contente de ce qu'on lui donne.

Arpentant les rues tel un fantôme, effrayant des chats surpris pendant leur quête de nourriture dans les poubelles, la vampire se faisait fortement remarquée... Pourtant personne ne l'abordait.
Après tout, pourquoi quelqu'un l'aurais fais? Croyant avoir une hallucination ou de voir un fantôme en l'apercevant, qui se risquerais à lui parler?

Gravissant rapidement les escaliers pour accéder à sa classe, Line pensais au cours qu'elle allais donner dans peu de temps.
Ouvrant la porte, elle découvrit la pièce où ses élèves l'attendent.
Encore une fois elle est en retard.
L'hiver se fais désirer avec ses nuits plus longues qui lui permettrait de sortir plus tôt de sa torpeur.

Pour le moment elle arrive encore pile à l'heure.
D'ailleurs après l'avoir entendu entrer, ses cinq élèves vont s'assoir à leur place pour assister sagement au cours.

À peine cinq élèves... Mais cela est bien suffisant pour des cours particuliers. Et de toute façon, s'ils étaient d'avantage, Line aurais du mal à supporter leur... vie.

-Puisque tout le monde est déjà là, nous allons directement commencer le cours. Annonça Line en refermant la porte et aménageant une petite estrade au centre de la pièce, afin que tous puisse voir ce qui va être leur modèle pour ce soir.

-Ce soir vous allez m'avoir comme modèle. Annonça-t-elle en montant sur la petite scène qu'elle s'est faite. "Bien que ça ne change pas vraiment des natures mortes de d'habitude"

-Vous pouvez utiliser la méthode que vous voulez et le style que vous désirez. Cependant, je dois tout de même reconnaitre que j'ai servit de modèle au final.

Le sujet était un peu ardu, mais en même temps, Line souhaitais savoir comment ses élèves la percevait.

-Vous allez poser nue? Demanda aussitôt l'un des élèves.

Ce cours avait comme particularité qu'il n'y avais que des garçons comme élèves.
La vampire ignorais si c'était juste le hasard où le fait que les hommes aient une vision très dénudée de la beauté... surtout féminine.

-J'en avais l'intention, mais pour le simple fait d'avoir posé la question je ne le ferais pas.

Comme attendu, les amis du curieux se vengèrent silencieusement et prestement pour avoir fait raté cette occasion.

Line, elle, n'y prêta pas plus attention et se coucha sur l'estrade, sur le coté, prenant appuis sur ses coudes pour regarder vers les fenêtres derrière Ézéchiel. Ses jambes s'écartant pour garder l'équilibre, elle regarde son élève.

Ézéchiel... Ce garçon était assez doué au trait. Il sais donner les proportions et les volumes à ce qu'il dessine... Mais rien de plus... Comme un photographe amateur qui mitraille au hasard ce qu'il voit. Rien de marquant.

Finalement, Line reposa son menton dans la paume de sa main en appuie.
De toute façon elle ne ressentiras aucune douleur avec cette position, même inconfortable.

Ses quatre autres élèves s'étaient déjà mis au travail, il faut dire que la robe s'était relevée jusqu'à la limite du décent. Line faisait confiance à leur imagination pour être représentée totalement nue ou avec un vagin énorme ou encore dans une position que seul un homme peu imaginer.

Les quatre savent donner "vie" à leur dessin... Cependant on sent clairement que la vie est artificielle, que c'est celle qu'ils veulent donner, et non la vie du sujet qu'ils auraient pus savoir capter.

Ézéchiel saura-t-il donner vie à ses œuvres? Et si oui, une vie comme lui l'entend, ou comme le modèle montre?

Curieuse de voir comment il va évoluer, Line prenais son temps avec cet élève... Peut-être un peu trop son temps. Après tout il s'agit que d'un humain.
Il risque de mourir plus tôt que prévu...
Comme tous les humains.

Cette pensée fit légèrement soupirer Line.
Une vie si courte et si fragile.
Pourtant elle n'avais pas envie de perdre son sujet si intéressant à étudier.
Elle voulais le voir évoluer... Mais à son rythme.

Quel dilemme.

Poser nue?
Ézéchiel n'avait jamais vu une femme nue... même s'il était en arts.
Il n'avait jamais eu de petite amie, ni même une expérience d'un soir. Il n'avait jamais été intime avec une autre personne... outre que lui-même. Il avait déjà été amoureux, certes, mais n'avait jamais eu le courage de se confesser. De toute façon, il s'attendait jamais à une réponse positive. Les filles qui se pâmaient sur son apparence physique ne l'avait jamais attiré. Il restait les autres, celles qui ne s'en préoccupait pas. Ces dernières avaient autre chose en tête. Des choses qui excluaient les relations amoureuses.
La porno alors? Ça ne l'avait jamais intéressé. Un trait excessivement rare (et risible) chez la gente masculine. D'ailleurs, ses quelques amis du sexe fort le taquinaient souvent à ce sujet. «Ézéchiel le Chaste» ou encore «Sa Sainteté de la Finlande» étaient les surnoms qu'on l'avait affublé. On lui avait même demandé une fois s'il était homosexuel. La question l'avait prit au dépourvu et n'avait réussi qu'à fixer, bêtement, la personne devant lui, sans rien dire.
Il y avait l'imagination. Ah, côté imagination, il n'avait pas de problèmes. Toutefois, il y a une grande différence entre les femmes crées de toute pièce et les vraies. Les poils qui n'était pas épilés à 100%. Les seins étant affecté par la gravité. La taille ayant une circonférence plausible.

En entendant dire que Line ne se déshabillerait pas, il respira plus librement. Il prit soudainement conscience qu'il avait rougi et fut embarrassé par cette réaction de son corps.

«Quel idiot! Je réagis comme un gamin de 12 ans!»

Lorsqu'elle prit place, sa robe grimpa contre sa peau, dénuda des jambes blanches. Lisses. Parfaites.
Fusain ou crayon? L'artiste hésitait. Crayon.
Le graphite crissait doucement contre la feuille tandis qu'il commençait son ballet esthétique. Il décomposait la forme de sa professeure pour ensuite la recomposer à sa façon.
Il leva les yeux de son papier un instant et ses yeux violets rencontrèrent ceux de «l'humaine». Des yeux si... vieux? Elle avait un regard qu'il était incapable de définir. Il n'avait jamais rencontré cela de toute sa vie. Elle était réellement une personne unique. Mystérieuse aussi. Elle semblait être plus jeune que lui, mais tellement plus expérimentée. Comme si elle avait dessinée des milliers de fois. C'était étrange. C'était aussi troublant.
Il replongea vers son art. À mi-chemin, il fit une grimace. Non. Non, ça n'allait pas du tout. Ce n'était pas l'âme de Line.

D'un mouvement vif, il arracha la page à son cahier, la froissa et la déposa plus loin sur le bureau. Il recommença.
Il esquissa les formes légères et sensuelles de la femme devant lui, puis s'arrêta. Line était... féline?
Il rendit ses membres plus fins et gracieux qu'ils ne l'étaient réellement.

«Non... Pas félin.. C'est plutôt...»

Il gomma ce qu'il venait de faire. Il venait de trouver une soudaine inspiration divine. Il donna un air moqueur au visage dessiné, à mi-chemin entre l'enfant et la ruse. Un air de... de renard, voilà. Suivant son inspiration, il dessina de grandes oreilles poilues sortant de ses cheveux et une queue touffue.
Il ajouta les derniers traits, puis contempla son oeuvre.

«Ce que j'ai fait est stupide. Je n'aurais pas dû jeter ma première esquisse.»

Il était trop tard pour recommencer maintenant. Le finlandais soupira discrètement, reposa son crayon. Au moins, c'était des cours privés. Il n'avait pas de chance de se faire recaler pour ce qu'il venait de créer.

Le temps s'écoule, fixant son favoris, Line détaille ses actions.
L'outil de départ le laisse songeur quelques instants. Les autres ont choisit soit peinture, soit fusain. Ce seront donc des œuvres aux gros traits, car la peinture demande beaucoup d'étude au préalable et des heures de peaufinage. Et le fusain ne permet pas de réaliser des traits fins.

Ah, Ézéchiel à choisit. Crayon donc. Ce choix fais légèrement sourire Line.
Il s'agit de son outil préféré.

Parfaitement immobile, telle une statue, la prof d'art regarde l'enfant dessiner.
Il est appliqué et concentré. C'est bien.

Soudain il arrache sa page et la laisse de coté pour recommencer.
Tiens donc?
Pour quelle raison?
Il abandonne?
Non... Il en recommence un nouveau.

Encore plus concentré qu'avant, il en est charmant.
Ses yeux fixé sur Line, comme la transperçant, la vampire soutiens l'étude, faisant de même vers Ézéchiel.
Il a les épaules relâchées, il est donc détendu, mais ses sourcils froncés prouvent qu'il est concentré.

Son dessin sera assurément très intéressant à regarder.

Le temps passe, une heure s'écoule, puis une deuxième. Line à perdue la notion du temps depuis sa transformation. Les nuits se ressemblent et les jours passent sans être vus.
Ce qui la réveille est le crayon que son favoris repose.

Jetant un bref coup d'œil à l'horloge, Line se rend compte que le cours est déjà quasiment finis.
Il est temps qu'elle regarde ce que ses élèves ont fait.

-Bien, vous avez largement eu le temps de finir à présent.

Feignant de se détendre les muscles Line pris son temps pour se relever et descendre de l'estrade pour ensuite passer derrière ses élèves et regarder leurs œuvres.
Comme attendu les quatre autres ont fais des nus imaginatif ou du porno simulé, ajoutant des proportions irréelles là où ils leur semblait qu'elle en manquais.

-C'est de l'interprétation... très personnelle ça. Tenta de calmer Line.

Pourtant sa seule envie est de les étriper. Oser la représenter bouche ouverte, sur le dos, jambes écartées c'est... Ah, elle préférais ne plus y penser.

Le passage des quatre lubriques fut rapide, mais arriver devant le dessin de son favoris... Line en resta stupéfaite.
Elle était... mi-femme, mi-renard.
Comment pouvait-il avoir vue ça? Connaitrait-il son secret? Impossible, elle n'est jamais venu aux cours sous sa forme de renard, bien que des fois ça l'ai terriblement démangé.

-C'est... Tenta de dialoguer la vampire.

Mais aucun autre mot ne put sortir de sa gorge sur l'instant.
Inspirant brièvement, elle se retournant vers tous ses élèves.

-Exposez donc vos dessins contre le mur pour que vous puissiez tous voir ce que les autres ont fait et jugez de leur talent. Embraya la dame-blanche.

D'un pas léger elle déplaça l'estrade pour la coller au mur et permettre à ses cinq garçons de montrer leur travail.

Ézéchiel obéit lorsqu'il entendit les instructions. Mademoiselle Ladis n'avait même pas commenté son dessin.
C'était mauvais signe.
Après avoir affiché son oeuvre, il contempla celle de ses compères. À côté des dessins érotiques des autres élèves, le sien avait l'air puérile et idiot. D'un coup, il eut l'impression de ne pas appartenir au monde des arts. Ou même, au monde tout court. Être adulte, était-ce nécessairement exprimer sa sexualité en tout moment?
Il ne pouvait pas dire qu'il appréciait comment les autres étudiants avait interprétés la professeure toutefois. C'était... irrespectueux.

«Si j'étais à la place de Mademoiselle Ladis, je serais vraiment embarrassé. Mais, j'imagine qu'elle doit être habituée à ce genre d'art. »

-Hey!

Un des élèves venait de l'interpeller. Ézéchiel chercha son nom. Il s'appelait... Daniel? L'androgyne se demandait sérieusement ce que Daniel faisait à ce cours. Il savait qu'il aimait représenté des pin-up et des strip-teasers sur le papier... venait-il ici pour améliorer l'anatomie féminine... ou pour reluquer Mademoiselle Ladis?

-Euh, oui? Fit Ézéchiel, possédant autant de grâce sociale qu'une roche.
-T'as une fixation sur les furries ou quoi?
-Hein?
-Les furries. Les gens qui s'habillent en animaux.
-Euh, non...
-Bah, tu en as dessiné une, non?

Ne lui laissant pas le temps de répondre, l'étudiant se mit à miauler, encouragé par ses pairs.

-Meow, meow, meow!
-C'est un rena... commença Ézéchiel.

«C'est un renard, pas un chat. Pauvre demeuré!»

Il retourna au bureau et commença à collecter ses possession personnelles. Les fusains retournèrent dans leur boîte, les crayons disparurent dans l'étui et son cahier à croquis fut avalé par son sac à bandoulière. Les quatre autres garçons avait déjà quitté la salle, empressé de faire autre chose de leur soirée.

Alors qu'il s'apprêtait à quitter, il échappa son sac au sol, celui-ci se vidant au sol. Laissant échappé un mot grossier dans sa langue natale, il s'agenouilla au sol et assembla de nouveau ses outils d'artiste.

La prof étudia les réactions de ses élèves à l'exposition des tableaux.
5 tableaux différents, 5 styles différents... Pourtant juste un seul sort du lot.
Et évidement, ayant fais du différent, les "conformistes" se moquent du différent.

Le cours pris fin sur les moqueries des 4 pervers, les élèves rangèrent leurs affaires.
Blessé dans ses sentiments, Ézéchiel rangea trop précipitamment, faisant que quand il quitte sa table, évidement tout se renverse sur le sol.

Rassurée de le voir rester, Liliane vint l'aider et lui parler en prime.

-Ézéchiel, n'ai pas honte de ton dessin. Tu es celui qui à atteint ce que je désirais. Tu n'as pas dessiné ce que tu ressentais de toi-même... Mais ce que tu as ressenti de moi. Calma doucement la prof d'art.

-Je préfère de loin ce que tu as fais que ce que les autres ont gribouillés. Je n'ai rien contre le sexe, mais ce n'était pas ce que je voulais montrer à ce moment là. Toi tu l'as compris, tu l'as sentie.

Le sourire de Liliane est très doux, tandis que son regard est profond.
Analysant toujours son petit prodige.
Il venais de faire un bond énorme dans la conception de l'art.

Cet humain grandit... si vite... Mais en même temps c'est tellement plaisant.
Si seulement il n'était pas humain, si seulement il était immortel.
Une infinité de plaisir à le voir évoluer.
Qui n'arriveras pas.

Des larmes se mirent à couler le long des joues de la vampire.

Ce ne sera jamais le cas hélas.

Cet enfant... finiras par mourir... Peut-être avant qu'il ne soit à l'apogée de son art... Peut-être ne l'atteindra-t-il jamais... Ou alors l'aura-t-il atteint... mais qu'il ne saura pas tenir cet état et qu'il dégénéreras. Réduisant son art à... un fantôme de ce qu'il était.

Liliane ne pouvais supporter cela. Ézéchiel ne doit pas devenir ainsi.
Son meilleur élève finir en une de ces possibilités...

Cette vérité lui brisait le coeur.
Vivant, Ézéchiel ne pourrais jamais finir comme l'artiste qu'il mériterais d'être.
Mais mort, il ne pourrais tout simplement plus être un artiste reconnu.

Pourtant... Pourtant, elle... Elle voulais le reconnaître comme l'artiste qu'il sera.
Mais lui vivant, elle aura sans doute déménagé depuis longtemps, et ne pourras pas le voir grandir encore.

Être mort est une malédiction.
Bien que ça permette de réaliser tout ses rêves... Être mort ne permet pas de les partager.

Une vie bien vide... Juste entrecoupée de quelques moment partagés avec des vivants la nuit... Puis oubliés pour une autre contrée jusqu'à ce que les vivants de la contrée précédentes meurs et que d'autres vivants les remplacent.

Triste vie...
Triste mort...

Liliane s'approchait de lui. L'artiste figea donc ses mouvements et attendit. Attendit quoi? Un au revoir? Un reproche? Un sourire? Il écouta les paroles de la professeure et fit :

-Vraiment? C'était bien ce que j'ai fait?

Écho inutile. Liliane s'était déjà exprimée sur le fait qu'elle avait aimé son dessin. Voyant qu'elle n'ajoutait rien, Ézéchiel s'apprêtait à se mettre en route, mais des larmes se mirent à jaillir des yeux de Liliane. Interdit, le jeune homme resta peut-être trois secondes à la regarder pleurer sans réagir. Puis, il se secoua.
Ne sachant comment réagir, il tendit tout de même (maladroitement toutefois) une main vers Mademoiselle Ladis. Il effleura doucement son avant-bras («devrais-je réellement faire cela? Je ne sais tellement pas quoi lui dire!») dans une malhabile tentative pour la consoler.

Glacée.

Sa peau était glacée.

Il retira brusquement ses doigts comme s'il s'était brûlé. Autrefois interdit, il était maintenant confus.
Comment Liliane pouvait-elle être aussi froide?
Pourquoi pleurait-elle?
Que se passe-t-il?

Il n'avait toujours pas bougé, mes son expression du visage s'était un peu renfermé. Devinait-il, inconsciemment, la présence du monstre à côté de lui?
L'humain ancestral avait été confronté à toutes sortes d'horreurs, des horreurs qui avait profondément laissé leur marque sur la psyché humaine collective. Ézéchiel ressentait un terreur inexplicable, sourde et insaisissable qui commençait à paralyser ses membres. Pourquoi? De quoi son subconscient se souvenait-il donc?
Il se souvenait qu'il y avait une bonne raison pourquoi nous avons tous peur du noir...

Sujet: Re: Cours du soir Sam 8 Sep 2012 - 14:09

Il l'avais touché. Elle n'avais pas tentée d'esquiver cependant.
Par envie qu'il sache? Par abandon? Par défi?
Elle l'ignorais elle-même.

Mais maintenant qu'il savais, son instinct lui hurlant de fuir. Il ne faut pas qu'il s'en aille... Pas comme ça. Il est devenu une menace.

D'un geste lent, Liliane approcha ses mains du visage d'Ézéchiel, avant d'attraper rapidement les mains de l'artiste.

-Et là? Que vois-tu de moi Ézéchiel? Que vois-tu de moi?

Les larmes s'étaient taries. Morte, les glandes ne font plus leur office. Ces larmes étaient exceptionnelles... Ou peut-être avaient-elles réussit à couler par le désir de la vampire.

Mais là, il était question de l'artiste.

Allait-il devenir un ennemi? Ou devenir comme elle?

En tout cas, il ne pouvais plus rester neutre. C'était impossible.

Sujet: Re: Cours du soir Mar 11 Sep 2012 - 20:59

Soudain, Liliane l'avait agrippé. Le mouvement, brusque et imprévisible avait déplu au jeune homme. Ézéchiel voulu s'esquiver, mais la poigne de sa professeure était... était beaucoup plus puissante que l'étudiant aurait pu s'imaginer. Il lutta, faiblement au début, croyant qu'il pouvait se défaire de son étreinte. Puis, voyant qu'elle ne le lâchait pas, il se débattit de plus en plus violemment. Peu importe la force qu'il utilisait, ses mains restèrent prisonnières des siennes. Il finit par abandonner en même temps que sa raison le quittait pour faire place à la peur.

Liliane. Elle était si glacée. Si froide. Comment sa peau pouvait avoir une telle température? Comment pouvait-elle ne pas avoir froid?

«Qu'est-ce qui se passe, qu'est-ce qui se passe, qu'est-ce qui se passe, qu'est-ce qui se passe, qu'est-ce qui se passe, qu'est-ce qui se passe, qu'est-ce qui se passe, qu'est-ce qui se passe, qu'est-ce qui se passe, qu'est-ce qui se passe, Qu'est-ce qui se passe...»

La question, posée par Mademoiselle Ladis, le laissa sans réponse. Il avait l'esprit vide ; et ce fut d'une voix blanche, dont l'effroi suintait, qu'il bafouilla:

-J... Je ne sais pas...

Comment pouvait-il répondre à cette question?

Ses yeux violets avait la lueur que les lièvres possèdent lorsque, dans leurs derniers moments de leur vie, ils voyaient les mâchoires d'un prédateur se refermer sur leur cou. Ézéchiel était devenu une proie. Un animal traqué.
Et il le savait.
Tout à coup, une observation s'imposa è son esprit. Lorsque Liliane parlait, elle n'inspirait jamais. De plus, sa poitrine ne se soulevait jamais sous l'effet de la respiration.

«Elle ne respire pas. Mon Dieu, elle ne respire pas. Elle ne respire pas. Elle ne peut pas être vivante.»

Sujet: Re: Cours du soir Jeu 20 Sep 2012 - 7:31

une proie. Son apprenti avais tous les traits en cet instant d'une proie acculée et sur le point de se faire dévorer.
Ainsi c'est comme ça qu'il se voyait?
Soit... C'est donc comme ça qu'il sera: Une simple proie.

Se relevant doucement, Liliane poussa sur les mains d’Ézéchiel et l'obligea à se coucher par terre. Au dessus de lui, la dame blanche se pencha jusqu'à son oreille et lui murmura à l'oreille.

- Tu as parfaitement compris... Et je ne peux te laisser partir tel que tu es.

La voix de Liliane restait douce. Mine de rien elle aimais toujours cet élève.

- Tu n'as juste pas eu de chance.

Les lèvres de la vampire descendirent sur le cou du jeune artiste. La peau sensible repéra sans difficultés la veine pulsante juste en dessous d'elle.
Étirant un sourire, Liliane dévoilant ses canines et planta ses dents dans la jugulaire d’Ézéchiel.

Il n'était pas nécessaire pour un vampire de toujours mordre ici pour sucer le sang de ses victimes et de leur procurer du plaisir en plus, mais le débit sanguin était plus conséquent sur cette artère.

Le gout métallique se répandit dans la bouche de la vampire. Le sang de cet humain n'avait rien d'extraordinaire. Pas plus sucré ou salé qu'un autre. Pas de déficience, ni d'excès...

Un simple humain normal qui était à présent en train de se tordre de plaisir en dessous d'elle.
Quel déception.

Elle qui voyais en lui une être exceptionnel. Un artiste à la sensibilité hors du commun.
Son sang lui était... normal.

Pas excellent, mais pas dégoûtant non plus.
Juste sans saveur particulière.

Peut-être s'était-elle trompée après tout?
Il y a si longtemps qu'elle n'avais pas côtoyée d'humain aussi.
Elle s'est donc juste trompée sur son coup de coeur...

Un coup de coeur comme le sien: Inerte et froid.

Non, rien de spécial.

Sujet: Re: Cours du soir Ven 21 Sep 2012 - 8:11

Malgré le fait qu'il mourrait, Ézéchiel restait lucide. Il sentait la vie le quitter. Il savait que les moindres gouttes de son sang fuyait son corps. Il sentait son coeur faiblir ; bientôt, il ne pourrait plus battre. Il sentait ses respirations devenir difficiles et laborieuses. Chacune d'entre elles demandaient un effort que l'artiste ne pourra plus fournir d'ici quelques instants.

Puis, le temps semblait s'étirer. Plutôt que de vivre une seconde, il se mit à vivre mille ans. La douleur s'estompa et ses yeux devinrent vitreux.
Il était devenu éternel.
Ses pensées... il avait l'infini pour les construire, les dévoiler et les détruire. Elles affluaient d'un intellect qu'Ézéchiel ignorait qu'il possédait. Il était comme ça, lui?
Soudain, il vit une grande forme humanoïde, au visage vague et doré. Elle était entourée d'un halo de lumière et lui tendait la main. Ézéchiel vit une ombre ayant son apparence saisir la main de l'être d'or. Ce dernier lui murmura quelque chose. Sous les mots, l'esprit d'Ézéchiel s'ouvrit soudainement, à une vitesse fulgurante que cela lui fit mal.

«Je n'ai jamais compris avant à quel point j'étais un dieu... un dieu de mon propre univers. Dommage qu'il soit trop tard maintenant. Je vais mourir, on ne retrouvera pas probablement pas mon corps et jamais, jamais je ne pourrais devenir l'être divin que je vois en ce moment. J'ai vraiment été méprisable toute ma vie.»

Il savait que la chose penchée sur lui le tuait. Il aurait voulu la repousser, lui crever les yeux, lui supplier d'arrêter, … Simplement il en était incapable.

«Non... je peux faire quelque chose...»

Ézéchiel rassemblant ses dernières forces, il fit un effort ultime pour combattre ce désir de rester soumis. Un mot serait suffisant, même remuer le petit doigt serait une victoire. Dans cette situation, n'importe quoi pour se libérer du joug de cette extase envahissante qui voulait l'asservir.
Il échoua.
Le plaisir effaça l'être d'or. Il ne vit que des couleurs, des formes, des sons. Sans sens. Mais cela n'avait aucune importance. Il ressentait une béatitude jamais éprouvée auparavant.

«Mademoiselle Ladis...»

Elle était là, à ses côtés. Ils étaient couchés dans l'herbe folle, par un bel après-midi ensoleillé. Elle portait une robe bleue pâle, tout simple, en coton. Ses longs cheveux, noirs et soyeux, étaient détachés, flottant dans la douce brise. Elle souriait. Elle était si heureuse.
Ils trouvèrent des formes aux nuages cotonneux qui passaient au-dessus d'eux. Ils attrapèrent des grenouilles dans un étang tout près. Ils firent un pique-nique à l'ombre d'un immense chêne.
C'était la plus belle journée de toute sa vie.

-Ézéchiel...
L'artiste se retourna vers la jeune femme. Elle s'était sensiblement rapprochée de lui. Soudainement, elle posa ses lèvres contre les siennes.

Liliane était là, au-dessus de lui, le vidant de sa vie. Ézéchiel, un sourire aux lèvres avait cessé de lutter. Ses yeux était fixé sur le plafond de la salle de classe. Il voyait mais ne regardait pas. Son esprit était ailleurs, s'amusant d'une fantaisie pour que son corps ne ressente plus la douleur. Il resta ainsi jusqu'à ce qu'un voile noir couvre l'améthyste de ses iris.

«Mourir est... merveilleux.»

Finalement, sa conscience sombra dans un sommeil dont il n'en ressentirait jamais.

Sujet: Re: Cours du soir Mar 25 Sep 2012 - 15:01

Rien de spécial...
Ces trois mots tournaient en boucle dans l'esprit de Liane...
Son étudiant n'avais rien de spécial...
Son étudiant favoris n'avais rien de spécial.

C'était impossible.

Elle ne pouvais pas s'être trompée autant.
Ézéchiel était... est ce qui lui a permis de reprendre contact avec les vivants.
Les autres élèves n'étant que des pervers, ils n'avaient rien d'intéressant.

Non définitivement, elle ne pouvais pas tant s'être trompée et avoir apporté toute son attention sur quelqu'un qui n'as rien de spécial.

Elle ne pouvais pas le laisser partir ainsi.
Son remord l'a fit serrer les dents sur ses joues, la coupant et laissant le sang couler doucement.

Elle retire ses dents du coup de son élève, donne un coup de langue sur les deux trous de ses crocs pour nettoyer tout le sang et refermer les plaies. Avant de sceller ses lèvres à celles d'Ézéchiel, mêlant sa langue souillée de son sang et de celui de sa victime, le forçant à avaler les liquides, malgré son apparente inanité létale.

Elle ne voulais pas perdre son apprenti. Même si elle le transforme de façon irrémédiable, elle ne voulais pas le perdre.
Non
Elle ne POUVAIS pas le perdre.

Il est son élève favoris qui lui a redonné goût à la vie... dans sa mort.
S'il disparaissait, il est fort probable qu'elle décide de mettre fin à sa mort en se décapitant.
Il y a bien des manières de se décrocher la tête, même seul.

Elle saurais trouver.
Mais pour le moment, il fallait "sauver" son étudiant.

Sujet: Re: Cours du soir Mar 25 Sep 2012 - 16:34

Sang source de vie.
Sang source de mort.

Le sang de Liliane glissa le long de l'oesophage de sa proie fraîchement tuée. Quelques gouttes étaient suffisants pour amorcer le processus. Aussitôt dans le corps de l'humain, elles furent assimilées et la transformation débuta.

«Ces pulsations ne te ramènent pas à la vie, Ézéchiel. Elles te tuent, te tuent, te tuent. Ah, Ézéchiel. Mais, tu es déjà mort. Et tu viens de perdre ton âme.»

Un frisson de vie artificielle anima le corps encore tiède de l'artiste. Ses organes goutèrent à nouveau à la vie, mais plus pour bien longtemps. Ses poumons s'activèrent, d'une respiration faible et courte. Son coeur se mit à battre, rapidement, trop rapidement pour un être humain normal. Ses glandes sudoripares s'activèrent tout d'un coup, pour aucune raison particulière.

La non-existence commençait à partir de ce moment-ci.

Ézéchiel ouvrit les yeux, un goût métallique dans la bouche. Il était couché au sol, dans la salle des cours. Que venait-il de se passer? Avait-il eu un malaise?
Du moins, il ne se sentait vraiment pas bien. Sa tête lui tournait et il avait l'impression d'être fiévreux.

-J'ai la nausée... dit-il à mi-voix.
Mademoiselle Ladis était tout près de lui. Il la regardait, cligna stupidement des paupières. Il voyait double et les lumières avaient d'étranges halos autour d'elles. Ça lui donnait mal aux yeux.
Il se releva avec beaucoup de difficulté. Tout son corps tremblait et tenir debout était vraiment pénible. Il regarda sa professeur et la voix chevrotante, lui demanda :

-Est-ce que je me suis évanoui? Je ne me souviens pas de ce qui s'est passé après notre petite discussion...
Il frissonna. Il manqua de peu de perdre l'équilibre et posa une de ses mains fines sur un bureau proche. Il ignorait même s'il serait capable de retourner à son appartement dans cet état. Être debout était une réussite exceptionnelle alors marcher serait un exploit olympique...

«J'espère que j'ai assez d'argent pour un taxi,» songea l'artiste. «Je crois que j'ai attrapé une forme de grippe vraiment virulente et qui se développe rapidement.»

Sujet: Re: Cours du soir Mer 10 Oct 2012 - 10:19

La transformation s’opérait. Ezéchiel perdait définitivement son humanité, mais au moins il continuerais à "vivre"... Dans la mort.
Lilianne se sentait coupable d'avoir ainsi piégé son élève. Si elle avais été plus prudente, il ne subirais pas ça.

Mais courageusement il se releva en tremblant et visiblement nauséeux.
La transformation restait difficile à gérer, même si des siècles ont passés.

Se relevant et époussetant sa robe, Lilianne vint près de son élève et lui pris la main.
Ezéchiel avais encore la peau tiède. Mais ça n'allais pas durer.

D'une douceur charmeuse, l'artiste lui caressa la joue.

- Tu as mauvaise mine, je vais te ramener chez moi pour que tu te repose. Je n'habite pas très loin, nous pourrons nous y rendre à pieds.

Lui expliquer la situation maintenant risquerais d'être trop compliqué et trop brusque pour qu'il puisse l'accepter.
Il valait mieux l'intégrer en douceur et rien de tel que l’amener au manoir pour qu'il s'endorme avant que l'aube ne se pointe.

Encore fallait-il savoir si le reste de la famille serais d'accord avec ce nouvel arrivé.