Perdu dans la nuit

---- Un appel téléphonique, perdu dans la nuit. Hautement crypté, entre deux téléphones cellulaires dont les numéros n’ont jamais officiellement existés aux États-Unis.----

Agent Baldwin? Ici le Dr Fitz.
Vous savez quelle heure il est?
Oui. Oui bien sûr, j’ai conscience de l’heure.
Je vous avais dit, jamais sur ce numéro. Jamais chez moi.
Oui
Vous allez cracher le morceau, monsieur Fitz?
Oui. Oui… j’ai… notre équipe a trouvé la réponse. La réponse à toutes nos questions communes.
…
… vous m’écoutez encore?
Monsieur Fitz... Vous avez identifié le virus du vampirisme?
Oui. Finalement. Et qui a dit que c’était un virus? Enfin. Passez dans nos locaux le plus rapidement possible.
… Et le spécimen? Vous l’avez éliminez?
… pas encore.
Vos petites discussions doivent cesser. Si vous avez extrait d’elle le secret des vampires, détruisez –la. Immédiatement, vous m’entendez monsieur Fitz!?
Dr Loyd est avec elle actuellement. Elle conduit d’autres entrevues. Elle voudra terminer celle-ci. Je vous promets de l’éliminer au matin.
Bien. Assurez-vous que ce soit fait, réellement. J’arrive.
… oui.

---- Cet même nuit, au troisième sous-sol d’un bâtiment abandonné. Des locaux, principalement des laboratoires scientifiques. Financés de manière détourné par le gouvernement américain, ceux-ci et les hommes de sciences qu’ils emploient n’auront jamais réellement existés.----

La pièce est sombre. Une seule lampe éclaire une jeune fille assise sur une chaise de bois, comme on en voit souvent dans les écoles. Elle ne porte aucun vêtement, seulement des sous-vêtements noirs. En face d’elle, sur une chaise de bureau à roulette, une femme rousse. Cette dernier porte un sarreau blanc, avec une carte d’accès sur laquelle est inscrite : Dr. Camille Loyd. La pièce, carrée, comporte plusieurs verres sans teint. Cependant, personne n’est derrière eux cette nuit-là.
… et après?
Après. La vampiresse croisa, ne serait-ce que l’espace d’un instant le regarde la docteure. Je ne comprends pas.
On recommence. Vous avez seize ans, environ. Votre père, décide de votre mariage. C’est tard, vous me dites. Votre virginité est préservée. Mais ce mariage arrive tard.
Oui. Cet homme est important, déjà vieux.
Je comprends cela. Vous nous avez déjà révélé ceci. Nous sommes au cinquième siècle après Jésus-Christ. Qui est cet homme?
Nous nous sommes mariés. J’étais sa femme. Je l’aimais, je suppose? Non?
Après, cet homme a fait de vous une vampire?
Non. Il y a eu ce chevalier.
Chevalier? En armure?
Vous avez-vu trop de films. Nous sommes encore au début du moyen-âge.
Qui est ce chevalier?
Il vient, car il jure fidélité à mon mari et ainsi devenir son bras armé. Dans la guerre à venir.
Vous racontez toujours cela sur un ton aussi neutre, désintéressé. Qui est-ce donc, votre mari? Pourquoi lui jure-t-on fidélité?
Parce qu’il est roi.
Roi… de Bretagne?
Arhur.
… je ne comprends pas. Qui est ce chevalier?
Une femme. Blonde.
Vous avez dit, que c’était un chevalier.
Il était une femme, mais elle s’habillait en homme. Il était beau, peut-être. Elle était magnifique, forte. Entreprenante.
Est-ce que je crois… entendre une émotion dans votre voix?
Son corps, tout entier était puissant. Sa main, enveloppante. Elle… prenait tout de moi. J’étais à elle. Je suppose que c’était aussi de l’amour, un amour plus puissant? Il était une vampiresse.
Il? Il qui?
Lancelot.

La discussion est coupée. Une sirène résonne, une alarme. La jeune docteure se lève, paralysée par ce bruit et ce gyrophare rouge qui s’allume au plafond. Une alarme? Elle ne le croit pas, elle hésite. Mais elle doit rapidement agir, elle se précipite à la porte. Et elle commet l’erreur d’en commander l’ouverture d’urgence. Une main passe… le long de sa jambe, caressant ses courbes. Elle caresse qui remonte, jusqu’à sa joue. C’est la chose la plus douce et la plus forte émotionnellement qu’elle n’a jamais ressentie. Cependant, quelque chose de glacé se répand dans sa conscience. La réalité : elle est morte. La main de la jeune vampire, redescendu dans le cou de sa victime le brise, en seul mouvement brutal. Et elle n’en aura jamais réellement conscience.
…
Comme vous pouvez voir, Le scientifique tend un flacon à l’agent fédéral. D’une couleur bleue claire, vive voir luminescente, le liquide à l’intérieur semble presque vivant. nous avons ce que nous voulions. Il est temps de révéler au monde le contenu de ce liquide.
Révéler au monde le? Non jamais monsieur Fitz. Cela restera un secret d’état. Mais nous en ferons bon usage.
Usage? Quel usage?
Cela peut devenir, littéralement, un sérum d’immortalité. Ou une arme biologique surpuissante. Ou une armée capable d’assurer n’importe quelle victoire, de nuit… ou de jour, peut-être? C’est pour cela que JE vous ai engagé, monsieur Fitz.
VOUS… vous voulez dire que vos patrons ne savent rien de tout cela? Je… nous ne travaillons pas pour le gouvernement?
… monsieur Fitz.

Et cette fois-ci, l’alarme fut réelle. Impossible à prévenir. Quelque chose s’échappait, au niveau inférieur. Aucun des agents de sécurité, bien armés, ne pouvaient l’arrêter. L’un après les autres, ces hommes et ces femmes se suicident ou sont brisés contre les parties les plus solides du bâtiment. Jusqu’à ce que la vampiresse remonte au niveau principal. Au passage, elle attrapa quelques vêtements. Puis elle passa la porte, et sans une seule expression, ou forme d’émotion, elle s’attaque aux deux derniers hommes présents. Un pas, elle est encore à plusieurs mètres, un autre et elle se trouve près de l’agent fédéral. Ce dernier ne peut pas sortir son arme. Pas avant d’avoir la nuque brisée. Le scientifique s’effondrera quelques secondes plus tard. La jeune fille ramassa alors la fiole, tombée au sol mais pas brisée.

Te voilà. Viens ici mon petit. Elle ramassa la fiole, puis la plaça dans sa poche. Il ne lui resta plus qu’à sortir, par la seule entrée des locaux.

À l’extérieur, une dizaine de femmes l’attendaient. Elle s’avança vers elles, ensembles, elles formèrent un cercle.
C’est fait.
Rien n’est détruit.
Est-ce qu’ils sont tous morts?
Tous morts. Personne ne sait comment entrer. Personne ne les cherchera jamais. C’est terminé, tout est à oublier.
Bien joué.
Ce n’était rien.
I was Night Mother work. Good work.